
Colloque organisé par
Elsa Grasso (UCA – CRHI),
Gaël Cabos (UCA – CRHI)
Létitia Mouze (Toulouse II – ERRAPHIS)
Lundi 2 juin
(Président de séance : Gaël Cabos)
14h30 – Accueil des participants
14h55 – Début du colloque, propos introductif
15h – Elsa Grasso (Université Côte d’Azur – CRHI) : L’effet poétique : ce que les poètes font à l’âme selon Platon (République).
16h – Yannis Constantinidès (École Boulle Paris) : “Rien que bouffon ! Rien que poète !” D’un certain usage ironique de la fiction poètique chez Platon et Nietzsche
17h-17h15 – Pause
17h15 – Yannick Souladié (CNRS/ENS Paris – IPSA Toulouse) : Le “premier décadent du style”. Platon face aux poètes chez le dernier Nietzsche.
Mardi 03 juin – matin
(Présidente de séance : Elsa Grasso)
9h – Létitia Mouze (Université Toulouse II Jean Jaurès – ERRAPHIS) : Entendre correctement Pindare dans la République.
10h – Nicolas Quérini (Université de Strasbourg – CREPHAC) : Les réceptions platonicienne et nietzschéenne de la figure de Pindare, modèle d’une frontière ténue entre l’homme et le divin.
11h-11h15 – Pause
11h15 – Nicolas Le Merrer (Université de Bretagne Occidentale – HCTI) : (Ré)interroger la relation du socratisme à la poésie tragique : étude de l’intertexte platonico-aristophanien dans la Naissance de la tragédie.
12h15 – Buffet pour les invités
Mardi 03 juin – après-midi
(Présidente de séance : Létitia Mouze)
14h – Gaël Cabos (Université Côte d’Azur – CRHI) : Platon et Théognis. Mésentente sur la vertu, vertu de la mésentente.
15h – Guillaume Métayer (CNRS – Paris Sorbonne – CELLF) : Nietzsche et Théognis. Philologie et généalogie.
16h – Clôture du colloque
PRÉSENTATION DE LA THÉMATIQUE DU COLLOQUE :
La relation que Platon et Nietzsche entretiennent à l’égard des poètes grecs de l’Antiquité est plus ambiguë et plus complexe qu’il semble qu’on le croie parfois. Certes, Platon est critique à l’égard de certains poètes dans sa République notamment, mais il ne les condamne pas tous, et pas forcément pour les raisons que l’on avance le plus fréquemment. De plus, il semble apprécier tout particulièrement certains poètes : il cite abondamment Pindare, Théognis, Tyrtée, Sapphô, Simonide, mais aussi ce même Homère, et ces poètes tragiques, auxquels il refuse pourtant l’accès de la cité de la République. À ces citations s’ajoutent de très nombreuses allusions. De son côté, Nietzsche, dont on connaît l’hyper valorisation de la figure du poète, s’il manifeste un enthousiasme certain pour les poètes tragiques et lyriques notamment (Théognis, Eschyle, Pindare, Homère…), est pourtant critique à l’égard de certains, comme Euripide, considéré comme trop proche du socratisme.
Les communications proposées lors de cette journée d’étude auront d’abord pour ambition de réinterroger le rapport que Platon et Nietzsche entretiennent avec les poètes grecs antiques. Revenir sur la manière dont Platon et Nietzsche reçoivent ces poètes dans leurs corpus respectifs semble en effet s’imposer, si on cherche à mieux entendre ce qu’ils en font, c’est-à-dire à rendre compte de la façon différente ou bien semblable dont ils en traitent, et à mieux comprendre ce qu’ils font eux-mêmes. S’interroger sur leur réception des poètes, sur la façon dont ils les comprennent, les commentent, les utilisent, paraît en effet indispensable pour mieux comprendre ce qu’ils cherchent à faire eux-mêmes, dans la mesure où ils ne cessent de se positionner, en tant que philosophes, par rapport à eux, et dans la mesure où ils ne cessent aussi de les convoquer dans leurs textes.
Une telle investigation pourrait bien être par ailleurs propre à nous mieux faire entendre ces poètes eux-mêmes. Platon, parce qu’il appartient à la même culture qu’eux, et Nietzsche, parce qu’il est philologue, sont à même de nous apprendre à les entendre à notre tour. C’est qu’en effet ces poètes, contrairement à ceux de notre temps, ne sont pas destinés à la lecture silencieuse et solitaire : ils ont à être écoutés, dans le cadre de manifestations culturelles, religieuses, collectives. De cette différence, Nietzsche était parfaitement conscient lorsqu’il reprochait à ses contemporains de lire les Anciens en surimposant des problématiques modernes sur des textes antiques, en faisant comme si certaines modalités de réceptions bien particulières, déterminées par la modernité, étaient forcément adaptées pour (bien) entendre les Anciens. Peut-on encore ou à nouveau entendre les poètes grecs de l’Antiquité, sans que les problématiques de <<tards-venus>> qui sont les nôtres ne nous y rendent quelque part un peu sourds ?
Platon et Nietzsche ne sont certes pas toujours d’accord en ce qui concerne les poètes (encore sans doute qu’ils ne soient pas non plus toujours en désaccord à leur sujet, contrairement à ce que l’on croit souvent), mais ils partagent au moins une manière commune de se mettre à leur écoute et de les entendre. Il n’y a là nulle contradiction : c’est sans doute parce qu’ils partagent cette entente à la fois poétique et philosophique des poètes qu’ils sont souvent (ou peut-être seulement parfois ?) en désaccord à leur sujet, car leur désaccord ne vient pas de ce qu’ils les lisent (ou les écoutent, les entendent) différemment, mais d’ailleurs, de leurs présupposés philosophiques.
Seront présentées lors de cette journée d’étude des propositions de communication sur l’un ou l’autre de ces deux auteurs, ou bien sur les deux à la fois, ou bien encore sur un ou plusieurs poètes : il s’agira alors de montrer ce que le philosophe dit de ces poètes, ou ce qu’il en fait, ou bien encore de montrer ce qu’il nous apprend à son sujet. Autant de manières, peut-être, de dissiper les malentendus…
ProgrammeColloque_ENTENTEDE(S)POETES_Toulouse
